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Ateliers > 7. Transmissions dans l’éducationMERCREDI 18 JUIN 2025 16 h 00 - 18 h 00 Salle Mélusine (MSHS) Atelier 7 : Transmissions dans l’éducation modératrices : Antia Pérez Caramés et Belén Fernández Suárez
Quelle(s) expérience(s) familiale(s) de la migration (spatiale et sociale) les futur-e-s enseignant-e-s du primaire à Genève ont-ils ? : Éléments d’enquête à partir d’un retour sur trois générations Geneviève Mottet et Maitena Armagnague En Suisse, les recherches sur les futurs enseignants et les professionnels issus de la migration sont encore rares (Bräu et al., 2013 ; Delévaux, 2024). Inspirées fortement par le champ « interculturel » et de l’ethnopsychiatrie, elles s’intéressent à leur biographie et au « potentiel pédagogique » de ces derniers, notamment en contexte hétérogènes (Changkakoti et Broyon, 2013). Ces recherches rendent compte de l’expérience d’enseignant.e.s issues de la migration et des compétences spécifiques qu’ils.elles développeraient de par leur supposée plus grande proximité avec certain.e.s élèves issu.e.s de la démocratisation de l’école et de la migration. En parallèle, si la recherche sociologique a documenté le rôle des parents dans la trajectoire scolaire des descendants de migrants (Ichou, 2018), rares sont les recherches relatives à la place des ascendants plus lointains, en premier lieu des grands-parents, dans de telles trajectoires alors que celles-ci avaient ouvert des voies de prolongement possible (Laacher, 1990 ; Santelli, 2001). Si historiquement, les enseignant-es, surtout ceux du secondaire, étaient originaires de milieux supérieurs instruits (Chauvel, 2006), les recherches révèlent que la situation évolue depuis les années 1990 avec la démocratisation relative de l’accès à l’enseignement supérieur d’une part et la dévalorisation des métiers enseignants d’autre part. Ainsi depuis les années 1990, bien plus d’enseignant.e.s sont issu.e.s des classes populaires et ceci sur plusieurs générations. Par ailleurs, comparé.e.s aux autres cadres, les enseignant.e.s ont des ascendances plus modestes. En miroir, les enfants des cadres supérieurs et des chefs d’entreprise sont de moins en moins nombreux à vouloir devenir enseignant.e.s (Delhomme, 2020). Ainsi, dans des territoires historiquement populaires, traversés par les migrations internationales et qui ont, du fait des réformes structurelles, bénéficié d’une relative démocratisation de leur système éducatif, la composition migratoire, ethno-raciale et socio-économique des enseignant.e.s semble s’être diversifiée. En complément, au sein des espaces de formation des futur.e.s enseignant.e.s, des auteurs constatent, dans certains territoires, la désaffection des étudiant.e.s issu.e.s des classes supérieures et leur remplacement par des lauréats provenant de milieux populaires et des jeunes issus de l’immigration (Charles et Legendre, 2006, Charles et Cibois, 2010). Alors qu’il nous semble impossible, dans l’analyse de ces dynamiques sociales, d’isoler les variables migratoires, ethno-raciales et socio-économiques, qu’en est-il de l’expérience sociale de ces futur.e.s enseignant.e.s interrogée au prisme de leur ascendance migratoire sur trois générations ? Notre contribution entend restituer des éléments de compréhension des caractéristiques sociologiques des étudiant-es en formation à l’université dont l’objectif est de devenir enseignant.e.s du primaire à Genève. Nous présenterons des données relatives à leur expérience de la migration - personnelle et intergénérationnelle (jusqu’aux grands-parents paternels et maternels), aux pays de provenance, aux nationalités et aux langues parlées sur trois générations. Ces données seront appréhendées également à partir de l’origine socio-économique et de la migration dans l’espace social à partir du recensement du niveau de formation et des emplois occupés pour lesdites générations et de la construction d’un proxi de potentiel de stigmatisation ethno-raciale tenant compte des régions d’origine des ascendants. Notre communication s’appuie d’une part sur les premiers résultats d’une enquête quantitative par questionnaires (anonymes) passés auprès de deux cents enseignant-e-s primaires en formation à Genève et que nous avons eus en cours (deux cohortes). La passation de ce questionnaire est aussi le support d’échanges en séminaire avec ces étudiant.e.s, ce qui complète ce corpus. La transmission d’un rapport à l’école et d’ambitions de formation et de profession par les parents de nos étudiant.e.s au regard parfois de leur propre trajectoire scolaire est par ailleurs l’objet d’une production écrite par ces derniers sur lequel portera également notre analyse. Ces verbatims rendent compte de l’interprétation que font les étudiant.e.s des stratégies familiales les concernant au regard des conditions sociales et des raisons de la migration (spatiale et/ou sociale) de leurs propres parents. À partir de ces données, il s’agira de porter une attention particulière à la dimension sociale (caractéristiques socio-économiques notamment) de la circulation spatiale des parents de nos enquêtés, considérant l’enjeu de l’approche intergénérationnelle (Laacher, 1990 ; Santelli, 2001) dans la compréhension de ce qui se joue dans la construction du rapport à l’école, d’un projet de formation et de sa concrétisation. Nous verrons également si et comment la migration apparaît dans les propos relatifs à la motivation de s’inscrire dans la profession d’enseignant.e primaire pour laquelle ils.elles se projettent. --- Transmission et Intersectionnalité dans l’Éducation : Le double enjeu des enseignantes issues de l’immigration Latifa Mekki Le terme transmission renvoie à l’idée de passage ou de communication, ouvrant la voie à de nouvelles possibilités, qu’elles soient perçues comme positives ou négatives. En sociologie, cette notion englobe des concepts tels que l’habitus, la trajectoire ou encore l’héritage culturel et moral, mettant en lumière les dynamiques de reproduction sociale et les processus d’interaction intergénérationnels (Prestini, 2006). L’expérience de la migration entraîne des ruptures et des bouleversements profonds, reconfigurant les rapports sociaux notamment à travers des relations ethnoraciales, de classe et de genre renouvelées. Ces dynamiques sont au cœur de ma recherche doctorale, qui porte sur les trajectoires socioprofessionnelles des descendantes de l’immigration algérienne. Dans ce cadre, la transmission émerge comme un axe essentiel, mis à l’épreuve par une intersectionnalité des rapports de domination. Jusqu’à récemment, la question de l’intersectionnalité des rapports de domination avait été peu explorée dans les travaux sur l’école, que ce soit à propos des élèves (Belkacem, Gallot, Mosconi, 2019) ou des personnels scolaires (Dhume, 2019, Garric, Lorcerie, 2024). Pourtant, cette perspective est essentielle pour comprendre le double enjeu de transmission auquel font face les enseignantes issues de l’immigration. Comment, en effet, articuler les dynamiques de classe, de genre et d’ethnicité dans l’analyse de leur rôle éducatif et des attentes sociales qui leur sont assignées ? C’est cette articulation que je propose d’explorer ici. Dans le corps enseignant, la question de la transmission dans les institutions scolaires occupe une place centrale. En ce sens, les travaux de nombreux sociologues (Van Zanten et Duru-Bellat, 1999 ; Ichou, Oberti, 2014) ont souligné le rôle déterminant de la famille dans la réussite scolaire de l’enfant. Ce constat prend un relief particulier lorsqu’il s’agit d’enseignantes descendantes de l’immigration algérienne, pour qui la réussite scolaire représente souvent une ascension sociale attendue. Dans leur fonction, elles incarnent un double enjeu : assurer la transmission des savoirs et des valeurs républicaines, tout en portant les marques des transmissions familiales et culturelles qui ont façonné leur propre trajectoire. Ces enseignantes descendantes de l’immigration algérienne ont de ce fait une situation singulière : elles doivent gérer, intégrer, et composer à la fois les valeurs de l'école républicaine et celles de leur famille. Comment gèrent-elles ces influences qui peuvent être en conflit, les utilisent-elles ou les réinterprètent-elles, et comment cela se voit-il dans leur travail ? L’objectif de ma communication proposera de présenter les premiers résultats d’un terrain doctoral, qui aboutissent à une typologie des relations de transmission telle qu’elle est proposée aux élèves. Les matériaux explorés comprennent des récits biographiques recueillis à travers des entretiens semi-dirigés menés auprès d’enseignantes de niveaux et de disciplines diverses (primaire et secondaire). Ces récits permettent d’interroger les rémanences du passé colonial, les dynamiques de la transmission familiale (culturelle, historique) et leur impact sur les pratiques professionnelles au quotidien. --- Transmission intergénérationnelle des pratiques éducatives dans un contexte de migration Chine-France Florence Lévy et Elia Labdouni Les trajectoires scolaires des élèves d'origine chinoise en France se distinguent par une orientation fréquente vers les filières sélectives et scientifiques, observée tout au long de leur scolarité, du primaire au lycée. Ces parcours contrastent avec ceux des enfants d'immigrés d'autres origines, qui obtiennent globalement de moins bons résultats que les élèves d'origine française et sont plus souvent orientés vers des filières professionnelles courtes ou confrontés à des décrochages scolaires (Brinbaum, 2019 ; Ichou, 2013, 2014 ; Moguérou et al., 2010 ; Brinbaum et al., 2012). En Chine, le programme scolaire et les méthodes d'enseignement sont souvent critiqués pour leur accent sur l'apprentissage par cœur et la compétition entre élèves (Manon et autres). Cependant, en Europe et en Amérique du Nord, les élèves d'origine chinoise sont associés à la réussite scolaire, comme le montrent les enquêtes de la DEPP (Brinbaum, 2019) et de TeO1 et TeO2 (Beauchemin et al., 2016, 2022). Le taux d'obtention du baccalauréat par les élèves asiatiques est supérieur de près de 10 % à celui des élèves d'origine française et de 16 à 20 % à celui des enfants d'origine non européenne. Les résultats scolaires des filles surpassent ceux des garçons. Les stéréotypes de migrants aux trajectoires modèles d'intégration, tant aux États-Unis qu'en France, reposent sur l'image de l'excellent élève et du travailleur acharné mais discret, alimentant des tensions interethniques et des discriminations racistes. La sur-réussite des enfants d'origine asiatique en France, constatée par les statistiques scolaires (Ichou, Brinbaum, TeO2), pourrait-elle résulter de la transmission de « savoirs étudier » spécifiquement chinois ? Dans quelle mesure les normes confucéennes valorisant les études migrent-elles avec les familles de migrants chinois en France ? Observe-t-on une transmission intergénérationnelle de pratiques et savoirs culturels chinois entre parents migrants et enfants de la deuxième génération ? Notre recherche, utilisant une méthode mixte combinant analyses statistiques des panels de la DEPP, observations et entretiens qualitatifs semi-directifs avec des adolescents dont au moins un parent est né en Chine, vise à mieux comprendre les trajectoires scolaires et les stratégies familiales d'étude en migration. Il s'agit également de tester ces explications culturalistes face à la diversité des groupes migrants chinois. Nous adoptons une approche intersectionnelle prenant en compte l'âge et le genre des élèves ainsi que les origines régionales et socio-économiques de leurs familles. --- The ‘Parent Table’: Scientific Knowledge Transmission and Intercultural Dialogue at the Heart of the University Yousra Amalou et Lara Sarem-Kalali Since 2017, the Solidarity Cafés, held every Wednesday morning at the cafeteria of the University of Geneva, have offered a unique space for connection, sharing, and conviviality. Open to all without prior registration, these gatherings foster an inclusive Within this welcoming context, the Parent Table addresses educational and societal challenges faced by families—both local and migrant—by equipping them with accessible scientific knowledge. Each session, led by a trained facilitator—master students or academic experts—translates scientific research into practical advice while fostering a collaborative environment. Participants are encouraged to share their own experiences and practices, ensuring that both the educational methods of the host country and those from the participants’ countries of origin are acknowledged and valued. This participatory methodology creates a balance between academic knowledge transmission and experiential learning, promoting mutual understanding and co-construction of solutions. The informal setting of the university cafeteria ensures accessibility and flexibility, allowing attendees to join or leave discussions as they wish. The project also highlights the role of the university as a key societal actor by making its knowledge and spaces available to non-academic audiences. Students involved in facilitating sessions gain valuable skills in scientific communication, intercultural mediation, and empathy, while educators integrate these activities into their curricula, fostering civic engagement among students and linking theoretical knowledge with real-world applications. Building on the trust and inclusivity established by the Solidarity Cafés, the Parent Table represents an innovative model of scientific knowledge transfer tailored to the educational and social realities of families. By contributing to educational success, social integration, and community cohesion, this project aligns the university's mission with societal challenges. Following a pilot phase, an evaluation will refine its approach and ensure sustainability. By directly connecting academic knowledge to everyday challenges, the Parent Table transforms the university into an inclusive, accessible, and socially engaged institution. --- Continuidad y discontinuidad en la transmisión intergeneracional en la población boliviana de la provincia de Buenos Aires (Argentina) Sofia Laiz Morera et Gabriela Novaro En la población boliviana que vive en la provincia de Buenos Aires (Argentina) la transmisión intergeneracional de saberes y referencias de identificación a las jóvenes generaciones resulta un tema de suma relevancia. Las reflexiones del trabajo se sostienen en entrevistas y registros observacionales realizados a lo largo de más de diez años con organizaciones de migrantes, familias y jóvenes de localidades con alto componente de población proveniente de Bolivia. En los adultos migrantes las expectativas hacia sus hijos se expresan de modo diferente de acuerdo a los lugares de procedencia de Bolivia, las características de los territorios de asentamiento y el proceso organizativo local. Sin embargo se registran también algunos aspectos recurrentes: la preocupación porque los hijos nacidos y criados en Argentina mantengan la referencia con las localidades de origen familiar, se sumen a espacios laborales y recreativos de las organizaciones de migrantes y reproduzcan prácticas y estilos de interacción que se asocian al colectivo boliviano. Nos detenemos en la forma en que los adultos transmiten a los niños y jóvenes el valor del esfuerzo, el estudio y el trabajo y proyectan que sus hijos “sigan siendo bolivianos” y que también “sean alguien en la vida”, expresiones que condensan la expectativa de continuidad colectiva y de éxito social. En los y las jóvenes de familias bolivianas registramos situaciones muy diversas que toman algunos aspectos de este mandato, al tiempo que discuten con otros. Abordamos el modo en que, en sus recorridos de estudio, formación profesional y trabajo se registra tanto la presencia de las expectativas de los adultos, como la generación de nuevas posiciones y proyectos: Mientras en algunos contextos los jóvenes se suman a los proyectos productivos familiares, registramos también sus estrategias de evitamiento frente a este modelo que reserva una plaza etno-estratificada en el mercado laboral argentino. En este último caso advertimos las tensiones internas de la que son portadores al alejarse de la tradición productiva comunitaria. Tensiones que suelen configuran como un conflicto identitario para los jóvenes que tienden a desvincularse del rol de “herederos” para convertirse en potenciales “ostentadores” de la movilidad social intergeneracional, dos roles con un alto peso afectivo. Estas trayectorias son, por tanto, ricas en procesos de autonomización y empoderamiento a partir de la prolongación de los estudios, especialmente en el caso de las jóvenes mujeres. En simultáneo a estos procesos, muchos y muchas jóvenes siguen siendo participes de ciertas prácticas comunitarias. De esta forma, se produce una discontinuidad relativa en tanto los y las jóvenes son artífices de sus trayectorias al tiempo que continúan en el foco de las expectativas adultas y mantienen un rol activo en las actividades culturales de las organizaciones que convocan a sus familias. |