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Ateliers > 11. Entretenir les liens ?JEUDI 19 JUIN 2025 16 h 00 - 17 h 30 Salle Gargantua (MSHS) Atelier 11 : Entretenir les liens ? modérateur : Mickaël Collyer
L’utilisation de TikTok par les femmes exilées en France : un espace de transmission de savoirs migratoires alternatifs ? Judith Bogaert Depuis l’émergence des nouvelles technologies et des réseaux sociaux, toute une littérature a émergé sur la façon dont ces outils redéfinissent les savoirs-migrer et les liens transnationaux. La manière dont les personnes exilées font usage d’internet pour trouver des ressources et informations pendant leur parcours migratoire a été documentée (Dekker et Engbesser 2012, Diminescu 2008, 2016). Un certain nombre de travaux se sont également intéressés à l’utilisation du numérique dans la famille transnationale (Baldassar 2008 ; Cabalquinto 2019 ; Chib et al. 2014), montrant comment le téléphone a permis l’exercice d’une parentalité à distance à travers différentes formes de «co-présence ». Récemment, les études intersectionnelles utilisant une perspective de genre font le lien entre l’espace intime et l’espace numérique. C’est le cas de Camille Schmoll (2017), qui montre comment les réseaux sociaux peuvent être le lieu de mise en scène de soi et de construction d’une « identité féminine numérique » revalorisante. Marion Breteau (2024) montre également comment les femmes domestiques migrantes dans les pays du Golfe utilisent Tiktok pour dénoncer leurs conditions de travail. Je travaille dans le cadre de ma thèse sur l’usage de la catégorie de « femme isolée » dans le système d’accueil francilien, me penchant par là sur la notion d’isolement. Cela m’amène à étudier les évolutions des liens familiaux des femmes dites « seules », en m’intéressant par exemple à la place de l’absence et de la séparation avec les proches dans leur vie quotidienne. Les femmes que je rencontre sur mon terrain utilisent beaucoup TikTok, parfois en étant elles-mêmes productrices de contenu, parfois en en consommant seulement. Pour certaines, la plateforme semble être un espace de lien avec la famille éloignée géographiquement ; pour d’autres, c’est un espace ressource pour s’évader des problèmes quotidiens liés à l’incertitude de leur statut ; d’autres encore consomment des vidéos liées à la vie affective et amoureuse en France quand on est étrangère sans titre de séjour stable ; et elles m’informent aussi qu’on y trouve des informations administratives plus ou moins fiables sur les façons d’obtenir des papiers. Je voudrais, dans cette communication, questionner la place de TikTok dans la transmission de savoirs migratoires par les femmes exilées en France. La plateforme permet-elle l’émergence de connaissances alternatives aux informations produites par le tissu institutionnel et associatif ? Quels savoirs genrés, produits par des femmes exilées y trouve-t-on ? TikTok est-il un lieu de circulation horizontale de la connaissance migratoire, produite par et pour les premier.es concerné.es ? Et enfin, en quoi les femmes exilées utilisent-elles le réseau pour reprendre une forme de contrôle sur leur image et leur corps ? --- Reproduire la lignée musulmane du Mali à la France. De la norme sociale collective aux pratiques éducatives différenciées Théoxane Camara Jusqu’au milieu des années 1970, l’« impression d’une impossible pratique religieuse en France » semble être la règle parmi les « travailleurs-immigrés » sahéliens, conduisant à un relâchement de l’observance religieuse (Timera, 1996 : 165). Les choses changent avec l’arrêt officiel des migrations de travail en 1974 et l’installation des familles en France qui en découle, dans les années 1980. Pour les parents faisant le choix du regroupement familial, « il n’est plus possible de vivre dans l’irrégularité par rapport à la loi divine » (Cesari, 1997 : 33). La transmission de la religion a d’autant plus de poids que, dans les pertes de repères instaurées par la migration, les parents tendent à se servir de la religion comme d’une boussole morale et éducative pour faire face aux défis de la parentalité dans un pays qu’ils ne connaissent pas. Bricolant une religiosité dans un pays non-musulman, ils cherchent à reproduire « la lignée croyante » (Hervieu-Léger, 2000) sans pour autant s’attirer les foudres du « soupçon intégriste » qui plane alors sur les musulman.es de France en raison notamment du retentissement médiatique de l’affaire des foulards de 1989 et de la guerre du Golfe (Le Bohec, 2005 ; Hajjat et Mohammed, 2013). Faire de leurs enfants de « bons musulmans » apparaît ainsi comme un gage de loyauté vis-à-vis de la parentèle malienne restée sur place, tout en mettant en jeu leur honorabilité sociale dans le pays d’installation où l’islam est minoritaire et stigmatisé. C’est sur cet aspect des transmissions intergénérationnelles en migration que se penche ma communication, en étudiant la socialisation religieuse primaire (i.e qui concerne l’enfance et l’adolescence des individus) de descendant.es d’immigré.es malien.nes né.es en France dans les années 1980. Prenant appui sur mon enquête doctorale menée par monographies de famille entre 2019 et 2023 auprès de 8 familles d’immigré.es malien.nes basées en Seine-Saint-Denis (93), je mets en avant trois types de socialisation religieuse primaire (dont le premier n’est pas exclusif des autres) : l’apprentissage d’une religiosité pratique par le quotidien familial (8 familles) ; l’éducation morale par « un papa du quartier » (5 familles) ; et l’instruction religieuse par un érudit de l’islam (1 famille). En plus de les documenter, dans leur forme et leur contenu, et de souligner leurs effets socialisateurs sur les religiosités des enfants, la communication montre comment ces types de socialisation religieuse se distribuent socialement, en fonction de caractéristiques sociales des parents. La communication met notamment l’accent sur les capitaux prémigratoires (religieux en l’occurrence) différenciés des parents et les contextes de résidentialisation des familles en France (cité populaire avec une forte présence d’immigré.es sahélien.nes, ou bien quartier plus mixte d’un point de vue des origines migratoires et socio-économiques des habitant.es), qui ne présentent pas les mêmes offres d’instruction islamique. --- From “nationals” to “others”: An intergeneration comparative analysis of the identities between the first generation and its descendants of the overseas Chinese living abroad" Yili Zhang, Jianhui Xu, Yu Hong , Yi Fei In this paper, we use questionnaire survey to examine the intergenerational difference between identification of a sample of overseas Chinese from Wenzhou, which is a hub for Chinese immigrants in Europe. It has been discovered that there is a trend of transition from "nationals" to "others" in the intergenerational identities of the Chinese and younger generations living abroad. In contrast to the first generation of overseas Chinese, the younger generation living abroad is becoming less and less attached to their native tongue, gradually drifting away from Chinese folklore, having a more accepting view of inter-ethnic marriage, joining fewer Chinese associations, and becoming naturalized in their home country. In contrast to their parents' strong attachment to their homeland, the younger generation's affective and conscious sense of belonging to China is eroding, and they gradually integrate into mainstream local society. According to logistic regression, the new generation finds it easier to complete the political (nationality) identity transition if they have longer experience living abroad or have more educated; those who have joined Chinese organizations abroad are also more likely to keep their Chinese nationality. |