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Ateliers > 1. Éthique et position de rechercheMARDI 17 JUIN 2025 14 h 00 - 15 h 30 Salle Le Troubadour (MSHS) Atelier 1 : Éthique et position de recherche modérateur : Philippe Lagrange
Éthique et posture du chercheur : réflexions autour d’une recherche-action sur et avec des Mineurs Non Accompagnés Eliane Eock, Gwendolyn Gillieron et Corinne Reynette Cette proposition de contribution s’inscrit dans l’axe 3 « Transmission des représentations migratoires ». La réflexion collective menée et exposée s’est inscrite dans le cadre d’une recherche-action du groupe de chercheurs franco-allemand Migreval. Cette recherche, intitulée « Situations et champ des possibles des jeunes mineurs non accompagnés (MNA) et des majeurs primo-arrivants (10 à 25 ans)”, de 2022 à 2024, avait pour objectif d’évaluer à partir de l’expérience biographique de ces jeunes les politiques publiques, et de proposer des mesures qui pourraient permettre d’améliorer leur accompagnement par les institutions. --- Migrer, transmettre : repenser le récit de soi en migration comme archive, témoignage et outil de lutte Julie Garnier et Anaïs Leblond Dans cette communication, nous souhaitons questionner les enjeux de transmission des et en migration au croisement du social, du culturel, de l’intime et du politique en démontrant l’apport heuristique d’une entrée par les productions narratives réalisées par les migrants eux-mêmes. Si les travaux de l’École de Chicago ont très tôt appelé à considérer la parole des migrants, faisant du récit de vie et de la trajectoire biographique, des méthodologies spécifiques de la recherche sur les migrations, qui se sont popularisées par la suite, peu de recherches considèrent ces récits comme archives, témoignages, outils de lutte et de transmission (Barbe et Chauliac (dir.) 2014 ; Bertheleu, 2014 ; Canut et Sow, 2014 ; Leroy, Spire, 2014 ; Le Courant, 2014 ; Maitilasso, 2014 ; Dedieu, 2012 ; Isnart, 2024 ; Isnart et Sagnes, 2024 ; Garnier et Lebon, 2025). Or, nous faisons l’hypothèse que l’analyse de ces récits éclaire autrement les rapports entre migration, engagement et transmission. Nous repartirons pour cela de l’analyse de l’autobiographie de Samba Touré, publiée sous le titre « Itinéraire d’un nomade. Du fleuve Sénégal aux berges de la Seine : une vie de plusieurs siècles » (1998), qui fait le bilan de sa vie en migration, passée pour moitié au Sénégal et pour moitié en France, et des matériaux que nous avons collectés depuis une dizaine d’années (entretiens, CR de réunion, terrains dans son village d’origine, etc.) dans le cadre d’une recherche de tandem sur le projet d’écomusée d’Agnam Godo (Garnier, Leblon, 2022, 2016), dont il est le principal porteur. Alors que nous avons connaissance de ce récit depuis plus d’une dizaine d’année, ce n’est que récemment que nous lui avons accordé une attention comme matériau ethnographique afin de repenser les formes de transmission en migration. Nous nous demanderons comment passe-t-on d’un engagement pour le droit des travailleurs immigrés, la défense de la langue et le développement de sa région d’origine à un engagement pour le patrimoine ? Qu’est-ce qui se transmet et se transfère ? Entre qui ? Et en quoi, sont-elles des leviers de mobilisation ? Plus largement, quel rôle joue ici les hommes, immigrés, militants, arrivés en France dans les années 1970, dont le parcours de Samba est exemplaire, dans la /les transmissions ? En quoi les productions narratives réalisées par les migrants participent-t-elles et renouvellent-elles la construction d’un récit sur les migrations ? Enfin, nous interrogerons le contexte de l’interlocution, les modalités de co-écriture et le rôle des chercheurs dans la production de ces narrations, et plus largement dans la reconnaissance de la parole migrante et des mémoires des migrations. --- La pratique artistique comme méthode pour faire raconter l’exil Geneviève Guetemme et Nathalie Mondain Cette communication propose se présenter une méthode de mise en récit de soi et du parcours migratoire dans le cadre d’ateliers expérientiels avec des artistes. Cette méthodologie, connue dans les domaines éducatif et social, d’abord appelée ABER (Art Based Educational Research) par Elliot Eisner (1981) puis ABR (Art Based Research) par Shawn McNiff (1998) utilise la pratique artistique pour obtenir des informations sur des expériences et des phénomènes difficiles à décrire avec des mots. C’est une modalité d’enquête empirique, interprétative et interdisciplinaire qui éloigne des « récits de migrants », attendus par les institutions. Et c’est une méthode d'investigation et de connaissance qui laisse l’objet de recherche se dessiner pas à pas, sous le coup de tentatives et d’échecs répétés, sachant qu’il n’y a pas de composition ‘ratée’ ou ‘réussie’, mais des rencontres permettant à chacun de parler de sa culture et de son vécu. Notre communication s’appuiera sur des ateliers expérimentaux et expérientiels menée depuis 2022 avec des publics migrants adultes, adolescents et enfants en contexte éducatif (écoles et associations) dans le cadre d’une recherche participative (MIGRACT - https://migract.msh-vdl.fr/), accompagnée par le réseau international interdisciplinaire francophone « recherche avec » (https://rechercheavec.com/) qui rassemble des chercheurs, enseignants, étudiants, artistes et praticiens d’organisations de la société civile. Nous présenterons notamment l’atelier mené avec Diala Brisly, une artiste réfugiée syrienne, autour d’un aliment quasi-universel et symbolique dans de nombreuses cultures : le pain. Nous montrerons comment, à partir d’un échantillon de pains d’origines et de formes très différentes (baguette, galette, pain dur ou mou, blanc, noir, etc.) les participants font émerger - visuellement et verbalement - des figures intimes de la migration. La situation de l’artiste, elle-même en exil, a introduit un point de référence et contribué à favoriser le récit des vécus migratoires des différents participants. D’autres ateliers se sont intéressés aux « objets souvenir » ou à l’expression de la solitude en situation de migration (https://migra-tude.msh-vdl.fr/) Nous exposerons les potentialités du partage, visuel et narratif mis en place, pour explorer les contextes et les acteurs de la migration et échanger sur des questions de culture, d’identité et de transmission. Pour cela, nous ferons d’abord une présentation des contextes au regard des perspectives de recherche. Dans un deuxième temps, nous nous focaliserons sur la méthode qui mobilise l’art comme pratique heuristique avec des publics vulnérables, mineur.es non accompagné.es, réfugié.es. Nous verrons aussi comment l’atelier met l’accent sur des sensibilités interculturelles individuelles et collectives de manière à initier une réflexion sur les migrations et générer des rencontres dans les espaces d’accueil. Nous conclurons sur les résultats, les concepts issus de la pratique collective, les limites des représentations obtenues et l’impact d’une recherche faite, ensemble, « avec » les publics – migrants et non-migrants.
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